Le sleepminting : un nouveau risque pour les NTF

Alors que les NFT sont au cœur de la spéculation et que des sommes colossales sont en jeu, mieux vaut garder à l’esprit que les NTF comportent de nombreux risques (juridiques, fiscaux, technologiques, etc.). Le Sleepminting est l’un d’eux, c’est un risque en lien avec l’immaturité de la technologie de la blockchain et cela consiste à copier une œuvre numérique, tout en se faisant passer pour le créateur original de l’œuvre.

Cet article écrit par Enzo Hallot a été publié dans le journal Café du Trading le mardi 22 février. Découvrez tout cela ICI !

NFT : Les conseils et risques à éviter

Personne n’échappe à la folie actuelle des NFT. Bien que pour la première fois apparus en 2014, beaucoup de projets ont été initiés en 2020 et il faut s’attendre à ce que davantage voient le jour en 2022. Comment s’y retrouver dans ce Far West de la technologie de la blockchain ? Quelles sont les raisons d’une telle expansion et comment s’exposer à ce marché sans tomber dans les pièges liés à la multitude de l’offre ? Tant de questions pour un investisseur non initié à cette technologie qui méritent une attention particulière. Je vous propose ici de survoler les risques et les pièges à éviter ainsi que des conseils et les opportunités liés à cette technologie.

 

Les raisons du boom des NFT

Les NFT (Non Fungible Token, ou token non fongible) sont l’équivalent de certificats d’authenticité numériques stockés dans la blockchain. Cela signifie que l’on peut détenir et prouver l’appartenance d’un bien numérique grâce à cette technologie.

La fongibilité c’est pouvoir interchanger un bien avec un autre. Une pièce d’un euro est par définition fongible, car toutes les pièces sont les mêmes et peuvent être interchangées. A l’inverse, un bien immobilier ou une œuvre d’art sont définis comme non fongibles car ils possèdent leurs propres caractéristiques non interchangeables.

Une des premières raisons à la croissance phénoménale des NFT est sa facilité de compréhension par le commun des mortels. Nul besoin de savoir comment fonctionne la blockchain pour comprendre le fonctionnement d’un certificat d’authenticité et comment en acheter. Les NFT sont donc un des premiers cas d’usage facile d’accès de la blockchain, qui l’ont rendue « tendance et cool ».

Aujourd’hui, la facilité d’accès à la technologie de la blockchain permet de créer un ensemble de NFT (généralement entre 1 et 10 000 pièces) aussi facilement que développer un token. Pour preuve, j’ai développé mon propre token en quelques heures … et je ne suis pas développeur ! N’importe qui peut donc créer son propre NFT et le revendre au prix qu’il souhaite. Tout comme nous avons pu observer l’explosion de nouvelles cryptomonnaies (voir article ici), il en va de même avec l’explosion du nombre de NFT sur le marché. Le volume de transaction de NFT a augmenté de plus de 40 000% en 2021.

A savoir que ce n’est pas l’image du NFT qui est stocké dans la blockchain, mais le Hash (code référentiel) du NFT. Le hash est une suite de nombre et de lettre unique, c’est l’empreinte ADN de l’actif qui sera stocké dans la blockchain et qui sera rattachée au NFT. Les images des NFT sont donc généralement centralisées sur des bases de données externes à la blockchain.

Mais comment justifier les prix ?

Tout comme Bitcoin, les NFT valent ce que les acheteurs sont prêts à payer pour en acquérir.

Les principaux projets NFT sont développés sur la blockchain Ethereum (Ethers – ETH), c’est la deuxième plus grande cryptomonnaie en termes de capitalisation boursière. Durant son ICO (Initial Coin Offering) en 2014, un ETH valait environ 0.25 dollars (exactement 2000 ETH pour un BTC au début de la prévente, pour finir à 1337 ETH par BTC).

 

Des prix relativement bons marchés pour certains investisseurs

Certains investisseurs, très en amont du projet Ethereum, ont pu acheter d’énormes quantités d’Ethers pour un prix très peu cher, par exemple 2 000ETH pour 1000$. En sachant le cours de l’Ether fluctue entre 3 000$ et 4 000$, cet investissement représente aujourd’hui une somme de l’ordre 7 000 000$.

Pour ces « early investors », acheter un NFT aujourd’hui pour une somme de 100ETH ne représente donc pas un investissement colossal. Sans compter que ces investisseurs ont probablement pu faire fructifier leurs Ethers grâce aux rendements générés par la technologie blockchain durant toutes ces années.

 

La possibilité de gonfler les prix artificiellement

Bien que tous les NFT soient traçables dans la blockchain, il n’est généralement pas possible de connaitre le bénéficiaire effectif de celui-ci, hormis si l’acquéreur l’expose directement au marché. (Comme l’a fait Eminem récemment en achetant un « Bored Ape » pour une valeur de 450 000$)

Bored Ape acheté par Eminem le 31 décembre 2021

Hormis le cas de personnalités revendiquant publiquement l’achat de NFT, il n’est donc pas possible de connaitre le détenteur de l’actif sous-jacent, mais juste l’adresse de son portefeuille. Il est alors possible et facile de se vendre un NFT à soi-même afin de faire gonfler artificiellement son prix, la blockchain laissant de manière transparente toutes les transactions sur son réseau. Certains ont donc pu alimenter la hausse des prix de manière artificielle.

 

Les frais liés à l’achat de NFT

Lorsque l’on développe une série de NFT, il est possible de définir toutes les conditions de vente auxquelles sera soumise la série de NFT. Dès lors, il est très courant de voir des royalties (appelées droit de suite, à l’instar du marché de l’art) dans les propriétés des NFT. Les créateurs des NFT se réservent un pourcentage sur chaque vente du NFT, en plus de la vente initiale. Ces royalties peuvent dans certains cas dépasser 10% ! (Généralement à fuir). Ainsi, les créateurs toucheront un pourcentage du prix sur chaque achat/vente du NFT en question. C’est un modèle plutôt lucratif… On peut voir l’intérêt pour les artistes de pouvoir toucher leurs droits de suite, et cela même quand la vente n’est pas assurée par une institution (type ventes aux enchères). En revanche, certains artistes pourraient avoir tendance à en créer en plus grand nombre.

 

Quand la technologie dépasse le cadre légal

La législation n’est pas encore adaptée à cette technologie et un NFT peut être une contrefaçon. En effet, tous les NFT ne possèdent pas les mêmes droits de propriété intellectuelle, cela dépend des métadonnées qui seront insérées dans le NFT lors de sa création (appelé « Minting », littéralement « forger »). Propriétés intellectuelles, droits d’utilisation/d’exploitation et droits d’auteur sont alors souvent confondus par l’acheteur, sans savoir ce qu’il achète réellement. Par exemple, les œuvres très connues de l’artiste Beeple mettent régulièrement en scène des personnes sous licence dont il ne possède vraisemblablement pas la propriété intellectuelle (Disney, nintendo, etc..). Les NFT comportent donc un risque juridique certain.

Exemple d’œuvres créées par l’artiste Beeple

Une fiscalité compliquée et non adaptée

Pour beaucoup de pays, la fiscalité non plus n’est pas encore adaptée. De surcroit, il est possible de stocker différents types de créations sur un NFT et les secteurs sont déjà extrêmement variés : musique, art numérique, jeux vidéo, mode, nom de domaine, carte de jeux, tweets, biens incorporels, etc. Comme le sous-jacent du NFT peut être de différentes natures, la TVA applicable aussi est un vrai casse-tête pour l’investisseur. A noter qu’il n’existe aujourd’hui aucune définition juridique du NFT et que cela génère une complexité pour trouver le régime fiscal adapté.

En France, il existe actuellement trois types de classification d’un NFT influant sur le régime de taxation pour les particuliers (ci-dessous très simplifié) :

  1. NFT défini comme un actif numérique :
    • Acheté à titre non habituel : flat tax de 30% sur la plus-value
    • Acheté à titre habituel (considéré comme professionnel) : impôt sur le revenu au barème progressif ou régime micro BIC
  2. NFT défini comme une œuvre d’art :
    • 6,5% sur le prix de vente
  3. NFT défini comme un bien meuble incorporel :
    • Imposition à un taux de 36.2% (19 % d’IR +17.2% de prélèvements sociaux) avec un abattement de 5% par an après une durée de détention de deux ans.

Malheureusement la qualification d’un NFT ne coule pas toujours de source et les avantages et inconvénients diffèrent en fonction des régimes. Il est extrêmement important d’être accompagné par un professionnel du secteur dans cette démarche.

Dans d’autres pays où les NFT ne sont simplement pas taxés, il est possible de transformer sa plus-value en NFT et ainsi d’éviter toute taxation. Dès lors, acheter une œuvre numérique à 500 000$ n’a plus d’importance si cela permet d’éviter un impôt sur la plus-value, ce qui alimente la flambée des prix.

 

Un marché potentiellement concentré

En octobre 2021, une étude de la société d’analyse Moonstream démontrait que 80% du marché des NFT sur Ethereum était détenu par 16,71% des détenteurs de NFT, ce qui est non sans rappeler Pareto et sa loi des 80-20 (700 000 adresses de portefeuilles et plus de 7 millions de NFT au moment de l’étude). A l’instar du marché de l’art, Il est bien plus commode de maîtriser le prix de l’offre et de la demande lorsque l’on domine le marché et que l’on a la possibilité de vendre les œuvres au compte-gouttes. Par exemple, au moment où l’article est écrit, il existe 10 000 Cryptopunks détenus par 3 300 portefeuilles, dont seulement 10 portefeuilles détiennent environ 1 500 Cryptopunks. Le prix moyen de vente est de 250 000$ avec un volume de 22 000 000$ sur les 7 derniers jours.

Exemple de Cryptopunks

Comment réduire son risque lorsque l’on souhaite pénétrer ce marché ?

Nous pouvons voir qu’il existe une multitude de risques : concentration, juridiques et fiscaux, offres très abondantes, etc. Néanmoins, cette technologie permet le stockage et le transfert de valeur sur internet, la création de gouvernances spécifiques et la preuve d’unicité d’un actif numérique. A l’ère du numérique, il est certain qu’une pérennité existe pour ce nouveau secteur d’activité. Mais comment limiter son risque ?

D’abord, être accompagné semble être la meilleure solution. Il s’agit aussi d’éviter les promotions faites par des influenceurs et autres leaders d’opinion. Un bon projet n’a nul besoin d’être promu et doit pouvoir se suffire à lui-même.

En ce qui concerne les valorisations, seuls quelques NFT méritent selon moi de tels prix : les cryptopunks, les séries bored apes, les crypto kitties, les séries Pepe, Beeple… qui représentent soit les NFT les plus anciens, soit une cote artistique reconnue, qui sont sortis avant que cela devienne mainstream. Ma position est que plus de 95% des NFT produis à ce jour tomberont dans l’oubli dans les années à venir.

OmerPepe vendu en 2018 pour 205ETH (environ 615 000$ au cours d’aujourd’hui)

La quantité limitée (les 5% restants) de ces NFT et l’augmentation du volume de transactions font qu’il est maintenant plus simple de les acheter et les vendre. Les vendeurs et acheteurs sont facilement mis en relation grâce aux propriétés fondamentales de la blockchain, même si des milliers de kilomètres les séparent. Cela rend ce marché davantage liquide et vient diminuer le risque de ne pas trouver d’acheteur pour un NFT de qualité moyenne ou supérieur.

Aussi, il peut être intéressant de prêter attention aux licences émettrices de NFT. Pour exemple, la franchise Matrix ou encore DC comics ont récemment émis des séries de NFT. Ces projets officiels représentent selon moi moins de risques d’un point de vue juridique, en rapport avec les droits de propriété intellectuelle directement implémentés par les sociétés détentrices des droits d’exploitation.

Le lien avec les metavers

Les metavers (metaverse en anglais) viennent aussi renforcer cette stratégie d’investissement. Il faut voir ici le potentiel d’associer la propriété et l’unicité d’un bien numérique dans ces mondes digitaux où tout est possible, ou presque. N’importe qui peut maintenant créer son musée virtuel et y exposer ses NFT. Il existe aussi des NFT sous forme d’avatar permettant de rentrer dans des metavers spécifiques. Nike et Adidas sont d’ailleurs déjà en concurrence pour habiller vos avatars NFT dans les metavers !

L’immobilier aussi compte bien profiter de cette opportunité. De nombreux projets aux États-Unis voient le jour concernant la visite d’appartement en réalité augmentée dans un metavers, la gestion documentaire d’un immeuble stockée dans la blockchain permettant l’achat/vente de biens immobilier sur la blockchain, etc. Il est également possible de posséder des parcelles de terrains dans des mondes virtuelles.

Les NFT comme modèle de financement

Grâce à la décentralisation proposée par la technologie de la blockchain (voir article ici), il est possible de supprimer les intermédiaires du financement afin de faire financer directement les œuvres par les fans ou par la communauté. Le cinéma a ainsi été gagné par l’engouement autour de cette technologie. On retrouve récemment pour exemple la levée de fonds pour la réalisation du court métrage appelé Stoner Cat réalisée par Mila Kunis et Aston Katcher (8 millions de dollars levés en 35 minutes !), ou encore Claude Lelouch avec la création futur du Klapcoin.

La difficulté de ce marché réside dans la connaissance de ce que l’on achète réellement et la sélection peut être faite selon différents paramètres :

  • Le choix d’investir directement dans des NFT ou dans une blockchain permettant le développement ou l’utilisation de ceux-ci
  • La cote du créateur ou artiste, nombre de followers du projet
  • L’utilité du NFT
  • Le secteur d’activité et la profondeur de marché
  • Le prix et le charactère collectionnable du NFT
  • La technologie sous-jacente et les droits rattachés
  • Sa propre situation patrimoniale

Cette révolution s’inscrit dans la lignée du WEB 3.0, permettant de posséder et authentifier des actifs numériques sur internet. Nul doute que beaucoup de projets NFT intéressants et novateurs vont continuer de voir le jour dans les années à venir, les possibilités de création étant presque sans limite.

Blockchain : vers une décentralisation de notre société ?

Je vous parle de l’impact de la décentralisation de notre société via la blockchain sur Club Patrimoine. Cette réflexion s’accompagne d’une vision futuriste de notre société si elle était complétement gérée par la technologie de la blockchain. Découvrez cela via des cas concrets comme le crédit pour mieux comprendre la DeFI (finance décentralisée). Ça se passe ICI ! 

 

Avant-propos, il s’agit de bien définir de quoi nous parlons lorsque l’on évoque les concepts de centralisation et de décentralisation liés aux gouvernances d’entreprises et leurs infrastructures.

Les sociétés que l’on appelle centralisées sont celles que l’on connait depuis toujours. Leurs gouvernances sont généralement simples et connues : il y a un président ou représentant, puis des managers, puis des collaborateurs, etc. La gestion est faite de manière centralisée car c’est l’organe de décision central de la société qui définit la stratégie générale et la politique à adopter. Toutes les actions et décisions sont prises par l’équipe dirigeante ou un groupe de personnes représentant l’entreprise.

Le concept de décentralisation vise à disséminer et répartir les responsabilités, droit de regard, de vote et tout autre concept lié à la gestion d’une société. Cela signifie qu’il n’existe pas de président ou organe décisionnaire dans une organisation complétement décentralisée. La gouvernance est assurée par un code informatique complexe que l’on appelle blockchain. Ces organisations sont parfois créées sous le nom de DAO (Decentralised Autonomous Organisation). Les contributeurs sont alors répartis en trois grands groupes : Les utilisateurs, les mineurs et les développeurs. Ce tryptique est la pierre angulaire du fonctionnement d’une blockchain. Certains peuvent appartenir aux trois groupes en même temps :

Les développeurs informatiques développent et maintiennent à jour le code de la blockchain. Comme certains développeurs sont initiateurs du projet, une partie du capital leur est généralement réservée lors de l’Initial Coin Offering (cela doit être définit dans le livre blanc, généralement entre 10 % et 20 % des jetons). Ils peuvent faire des mises à jour du code en proposant des améliorations ou modifications qui seront ensuite votées par la communauté.

Les mineurs maintiennent à jour la base de données commune dite « blockchain » en validant les transactions ayant lieu sur le réseau. De manière très concrète, ils fournissent de la puissance de calcul au réseau via leur matériel informatique, ce qui constitut une dépense énergétique. Ils sont donc rémunérés pour compenser cette dépense et la mise à disposition de leur matériel.

Les utilisateurs bénéficient d’un service sécurisé et à moindre coûts car géré par un code informatique.

Bien sûr, toutes les blockchains ne partagent pas la même gouvernance et certaines sont davantage centralisées. Aussi, certaines blockchains sont même complétements privées et fonctionnent comme des infrastructures informatiques back-office (Ripple, Nexo, Crypto.com…). Cela signifie que les ordinateurs qui composent le réseau sont centralisés dans une ou plusieurs infrastructures, et que seulement quelques personnes ont un accès et un pouvoir sur cette blockchain.

A l’inverse, une blockchain complétement publique ne possède pas de limite en termes de nombre de mineurs et de développeurs (Bitcoin, Ethereum, Solana…). Cela signifie que tout le monde peut y contribuer et exercer un pouvoir de contrôle sur cette blockchain. Plus il existe de mineurs et de développeurs sur une blockchain, plus elle est décentralisée. D’un certain point de vue, c’est une forme de collaboration communautaire.

 

Mais quel est l’intérêt ?

Le secteur de la finance est le premier à avoir trouvé de multiples intérêts et utilisations à ce mode de gouvernance car l’effet principal est de pouvoir automatiser complétement le processus de souscription d’un produit financier, même le plus complexe, tout en supprimant de nombreux intermédiaires et à moindre coût.

Certains produits comme le crédit, auparavant réservé aux institutionnels et professionnels, attirent de nombreux investisseurs particuliers. L’avantage pour le particulier est de pouvoir prêter directement des cryptomonnaies à l’emprunteur, sans avoir recours à un ou plusieurs tiers de confiance. L’emprunteur et le prêteur s’affranchissent alors des frais et marges prélevés par les institutionnels lors d’un tel processus. La sécurité et l’exécution du crédit sont assurées par la création d’un smart-contract (contrat informatique intelligent) entre les deux parties.

Pour comprendre comment cela est possible, je vous propose de comparer rapidement les deux modèles de rémunération des acteurs du crédit :

Cas N°1, exemple simplifié de prêt : Un particulier possède 200 et souhaite emprunter 100, afin d’acheter un bien d’une valeur de 100.

Il va emprunter l’argent à une banque en payant des intérêts d’emprunt. Le bien acheté sera la garantie pour la banque et sera saisi si l’emprunteur fait défaut. Puis la banque rembourse à son tour ses fournisseurs de liquidités. C’est un schéma que nous connaissons bien en France.

Cas N°2, exemple simplifié de prêt dans la finance décentralisée : Un particulier possède 200 et souhaite emprunter 100, afin d’acheter un bien d’une valeur de 100.Il va devoir mettre en gage 120, qui seront saisis si l’emprunteur fait défaut (il peut aussi souffrir d’un appel de marge si l’emprunt est adossé à une devise ou cryptomonnaie volatile). Ainsi, il recevra 100 en échange et remboursera directement ses prêteurs en payant des intérêts d’emprunt. Une fois le crédit remboursé, il récupérera les 120 mis en gage initialement. Cela est similaire à du crédit Lombard.

C’est grâce au réseau pair-à-pair, propriété fondamentale de la blockchain, que l’échange de données et la contractualisation entre deux parties est possible, et ce, même si les deux parties ne se connaissent pas et sont séparées par des milliers de kilomètres.

En ce qui concerne le secteur de la finance, la décentralisation permet donc aux utilisateurs de mettre à disposition leurs liquidités aux emprunteurs sans passer par des intermédiaires. C’est le code informatique de la blockchain qui fera office de tiers de confiance.  L’intérêt principal est de réduire le nombre d’intermédiaires et que cela coûte moins cher aux utilisateurs. Il en va de même avec l’achat et la vente d’actifs, le crowdfunding, les paiements, etc. C’est que l’on appelle la Finance décentralisée (DeFI).

Il existe bien évidemment des limites au crédit dans la blockchain, dans le sens où seul ceux ayant assez de surface financière peuvent collatéraliser leurs prêts. Les banques ont donc encore quelques beaux jours devant elles avant qu’une blockchain puisse se baser sur des critères qualitatifs.

De même, le concept de vrai et parfaite décentralisation est-il réellement atteignable ? C’est ce que s’efforce d’atteindre les plus grandes blockchains publiques comme Bitcoin et Ethereum.

Shitcoins : vers une bulle ?

L’explosion du nombre de nouvelles blockchains.

Au bout d’une dizaine d’années, la technologie de la blockchain devient de plus en plus accessible. Grâce au puit de science qu’est internet, n’importe qui (de bien motivé) dans le monde est en mesure de pouvoir lancer sa blockchain et des shitcoins. C’est bien le problème et c’est peut-être ce qui causera l’éclatement de la première bulle de la technologie blockchain.

 

La blockchain devient cool grâce aux NFT, elle deviendra peut-être même mainstream dans quelques années. Cela attire de plus en plus de profiteurs à créer des blockchains étant des faux projets ou simplement des arnaques. Lorsque l’on sait développer une blockchain, on peut facilement développer un site web. Et si l’on sait en plus faire un peu de graphisme, on peut avec une petite équipe rapidement  créer un projet ayant l’air sérieux … juste l’air.

Un engouement sur les altcoins

L’engouement actuel sur la blockchain et les « meme » coins (voir Expédition N°3) apporte tout son lot de « shitcoins » (littéralement jetons caca…). Tout ceci a débuté avec le Dogecoin, qui était à l’origine une blague entre amis mais qui s’est vu devenir à un moment top 5 des cryptos avec 95 milliards de capitalisation boursière, propulsé par quelques tweets d’Elon Musk. Dogecoin est un fork du Litecoin (une sorte de dérivé), le code source du Litecoin ayant servi au développement de Dogecoin. Sa valorisation représente juste la confiance que sa communauté lui porte.

Bulle, mode ou réel investissement, les crypto-actifs issues des communautés internet font un ravage en ce moment et atteignent des valorisations absurdes. Tous les jours des nouveaux projets misant TOUT sur le marketing tente de tirer leurs épingles du jeu, en concurrence avec les trois plus gros : Dogecoin, Shiba Inu et Safemoon.

Des similarités entre les bulles

Si l’on peut faire une comparaison entre les bulles technologiques comme celle du jeu vidéo en fin 1983 ou la bulle internet en 2000, on peut s’apercevoir qu’un des points communs à ces crises est le nombre de projets utilisant la nouvelle technologie mais ne créant pas de valeur.

En 1983, le nombre de jeux vidéo explose, mais la qualité n’étant pas rendez vous, les joueurs et les investisseurs se lassent et quittent le secteur. Le marché s’écroule et certains journaux parlent même de la fin du jeu vidéo. C’est en 1985 que le marché repartira, grâce au célèbre “Super Mario Bros” sur Famicom. Nous connaissons tous aujourd’hui le succès des jeux vidéo et la montée en puissance continue de ce secteur.

En ce qui concerne la bulle internet de 2000, il suffisait de rajouter un “.com” à un projet pour drainer énormément d’investisseurs. Nous avions donc un très grand nombre de projets, plus ou moins sérieux, qui tentaient de surfer sur cette vague. L’éclatement de la première bulle de 2000 à fait apparaitre quelques milliers de gagnants. Puis la crise de 2007 à donnée naissance au GAFAM. Cela signifie que seulement 5 grands gagnants sur plusieurs milliers de projets ont réellement su se détacher et remporter la bataille internet d’aujourd’hui.

Dans notre première newsletter (Expédition N°1), nous parlions de l’adoption de la blockchain par les utilisateurs. En comparant le nombre d’utilisateur entre la blockchain et internet, on s’aperçoit d’une forte corrélation sur l’évolution de cette adoption. La blockchain aujourd’hui serait l’équivalent d’internet en 1998.

Depuis le début d’année, c’est plus de 2 000 nouvelles blockchains qui ont été créées, et leur nombre continue d’augmenter. Au moment ou j’écris l’article, c’est 30 blockchains qui ont développées dans les dix dernières heures.

De l’ensemble des cryptomonnaies en circulation (+ de 13 000 tokens différents), il faut compter environ 50% de projets qui ne sont pas sérieux, des arnaques ou morts (environ 7000 blockchains “actives”). Il faut donc apprendre à distinguer les bons et les mauvais projets en attendant l’éclatement de la première bulle blockchain qui viendra probablement faire apparaitre les premiers gagnants de ce secteur.

Prudence sur le marché des cryptomonnaies

Le nombre de cryptomonnaies explose de jour en jour et il se pourrait bien que d’ici quelques années nous voyons apparaitre des «wordpress» ou «wix» de la blockchain, permettant à n’importe qui de pouvoir créer des smart contracts, voir sa blockchain ou son token, grâce a des applications plug and play. Il sera donc essentiel que la technologie soit comprise de tous.

Si vous débutez dans l’écosystème de la blockchain, il est donc préférable de ne pas vous laissez tenter par l’appât du gain généré par plusieurs de ces “shitcoins”. Il serait plus sage d’acheter des crypto-actifs avec de réels potentiels, hors effet de mode.

En attendant, pour ceux qui pensent avoir loupé le train de la technologie de la blockchain, il est vrai que le premier est parti depuis un moment déjà. Mais la prochaine gare n’est plus si loin, et il pourrait être intéressant de vous préparer pour y monter à ce moment la !

L’adoption cryptos : où en sommes-nous ?

adoption crypto en europe vu de Suisse

La Suisse en avance sur l’Europe.

Quelques sociétés, dont une française, tentent de pénétrer le marché des cryptomonnaies en faisant le lien entre les moyens de paiement actuels et la blockchain.  La société cotée Worldline a pris de l’avance sur VISA et Mastercard en essayant de profiter de la hausse récente de l’intérêt pour les cryptomonnaies et aussi grâce à l’essor du Bitcoin.

 

La Suisse a pris le lead récemment avec la société Française Worldline, permettant à plus de 85 000 marchands de pouvoir accepter les cryptomonnaies comme moyen de paiement.

Depuis le 19 août dernier, tous les commerçants suisses utilisant les solutions de paiement de la société Worldline peuvent accepter certaines cryptomonnaies dans leurs points de vente physiques comme sur internet. C’est grâce à la collaboration avec la fondation Bitcoin Suisse que les commerçants peuvent utiliser l’application mobile dédiée. En ce qui concerne les clients, ils peuvent simplement utiliser leurs portefeuilles électroniques pour effectuer le paiement.

Pour plus de sécurité et pour éviter les gros mouvements de volatilité, l’application pour les professionnels convertit directement le montant payé en cryptomonnaies en Francs Suisse.

La Belgique aussi entend bien profiter de l’explosion du marché des cryptomonnaies.

C’est grâce à l’application de la start-up Belge Seety que les utilisateurs peuvent maintenant utiliser leurs Ethers, Bitcoins, Dogecoin et autres (LTC, DAI et USDC) pour acheter leurs places de parking. L’application est en test pour l’instant à Bruxelles et Anvers. L’application Seety est déjà disponible en France, Luxembourg, Belgique et Pays-Bas et a plus de 350 000 utilisateurs actifs.

D’autres sociétés acceptent aussi les cryptomonnaies tels que Shop.com, grâce à son partenariat avec la société Bitpay. Shop.com propose différents articles avec sa boutique en ligne : vêtements, accessoires, chaussures, matériels électroniques…

En quelques chiffres.

Un récent sondage en Belgique rapporte que 26% de la population Belge possède des cryptomonnaies, très largement devancée par le Viêt nam (41%), l’Indonésie (30%) et l’Inde (30%) (source rapport finder 2020).

Selon le même rapport, le plus grand groupe d’utilisateurs par tranche d’âge est celui de 25-34 ans (21%), puis les 18-24 ans à égalité avec les 35-44 ans (rapport Finder 2020).

Dans son dernier rapport sur l’adoption crypto,  Chainanalysis rapporte que l’utilisation de la blockchain est en très forte hausse, surtout dans les pays en voie de développement asiatiques et africains.

Selon crypto.com, le nombre d’utilisateurs de cryptomonnaies aurait augmenté de 61 millions en avril 2021, ce même nombre ayant été doublé depuis le début de l’année.

Il reste encore du chemin avant une adoption globale, la clef de cette adoption étant sans doute la formation. Si l’adoption crypto devient ancrée dans les habitudes de consommation des plus jeunes générations, on peut facilement entrevoir comment cette technologie pourrait perdurer et continuer d’augmenter avec le vieillissement de la population.

Ethereum et sa mise à jour EIP-1559

Ethereum EIP-1559

L’introduction du burn des jetons.

Créée en 2015, Ethereum est la seconde plus grande cryptomonnaie en termes de capitalisation boursière (≈455Mds de dollars au 07/09/2021). Depuis sa première version, Frontier (30/07/2015), plus d’une dizaine de mises à jour importantes sont venues modifier le fonctionnement d’Ethereum. La prochaine mise à jour en date étant la mise à jour London. Il est fréquent de voir des mises à jour sur des blockchains, cela est même plutôt bon signe : cela signifie qu’une communauté est active derrière le fonctionnement du réseau. La communauté continue de faire évoluer le réseau selon les différentes transformations de l’écosystème de la blockchain.

 

Celle qui nous intéresse est donc la dernière en date :  Ethereum EIP-1559.

 

Cette modification du protocole tend d’une manière générale à réorganiser le prix des coûts de transactions afin d’éviter les pics du prix du gas* lors d’une forte demande de transactions sur le réseau. Certains frais de transactions ont pu atteindre 80€ en avril/mai dernier (!). La nouvelle technique utilisée est celle d’une augmentation temporaire de la taille des blocs.

💡 Les transactions sont stockées dans les blocs de la blockchain (chaîne de blocs).

La seconde fonctionnalité introduite par cette Ethereum Improvement Proposal (EIP) est le Burn des jetons d’Ethereum. Le Burn (Brulage en français) consiste à réduire le nombre de jetons. Bien que cela puisse paraitre exceptionnel sur les marchés régulés, c’est plutôt courant pour les cryptomonnaies. Cela peut être fait par différentes manières : la société émettrice de jetons détruit une partie de ses jetons ou par le processus de minage. Le but du Burn est généralement de faire augmenter la valeur des jetons en réduisant leur nombre en circulation.

Dans le cas d’Ethereum, le burn va s’effectuer lors du processus de minage (i.e. le processus de validation des transactions). En général, les mineurs reçoivent tout ou partie des frais de transactions payés par l’utilisateur. Il faut forcément rémunérer les mineurs pour le travail de validation des transactions essentiel au bon fonctionnement de la blockchain.

Ethereum EIP-1559 propose un découpage des frais des transactions. Une partie de ces frais seront destinés à être brulés lors de moment de grande influence sur le réseau. Bien sûr les mineurs craignaient une baisse de leurs revenus avec cette mise à jour. L’objectif est que cela soit compensé par la hausse de la valeur du jeton ETH induit par le processus « déflationniste » de burn.

Ethereum a en tête sa migration vers Ethereum 2.0 avec l’évolution majeure de son protocole de consensus de la preuve du travail (PoW) vers la preuve d’enjeu (PoS). Ethereum vise à devenir une blockchain plus scalable en augmentant sa capacité de transactions par seconde. De surcroit, l’impact écologique de preuve d’enjeu sera nettement plus positif, ce qui est dans l’ère du temps.

Retrouvez notre article sur la mise à jour Shappella, plus récente que la Ethereum EIP-1559 et qui répond aux perspectives posées dans cet article.

Avec sur son réseau environ 75% des applications décentralisées développées sur une infrastructure blockchain, Ethereum est devenu au fil des années congestionné. Les prix exorbitants de certaines transactions ayant fait fuir certains utilisateurs, d’autres réseaux comme BNB, SOL, MATIC… ont pu profiter de cette situation.

La mise à jour London devrait avoir lieu en fin d’année 2021. D’ici la, la concurrence autour d’Ethereum se fait de plus en plus rude avec des nouveaux réseaux proposant des performances intéressantes.